https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2021/07/16/pas-assez-de-recul-sur-les-vaccins-contre-le-covid-19-ce-que-3-5-milliards-de-doses-injectees-nous-ont-appris_6088406_4355770.html Résumé : Pfizer : 98% d'efficacité chez l'adulte, 100% chez les ados, pour éviter les décès du Covid-19. Il résiste globalement bien à tous les variants, et la protection semble durer longtemps. AstraZeneca : 53 cas de troubles thromboemboliques sur 6,56 millions d’injections, soit 0,0008 % des doses. Dans la longue histoire de la vaccination, aucune maladie rare n’a jamais été détectée plus de huit semaines après la vaccination. Les symptômes sont toujours apparus dans les premières semaines. La surveillance actuelle autour de ces vaccins est si réactive et resserrée qu’elle a permis très tôt la mise en évidence de très rares troubles de la coagulation avec le vaccin d’AstraZeneca. Si les vaccins actuels, qui ont été distribués massivement, devaient induire des maladies graves rares, il est aujourd’hui jugé très improbable que les agences de pharmacovigilance puissent manquer leurs signaux. Les vaccins à ARNm ne contiennent globalement que deux ingrédients relativement simples et fragiles : une capsule de lipides contenant un brin d’ARN messager, la première étant chargée de transporter le second. Or, toutes deux disparaissent très vite sans laisser de trace lorsqu’elles rencontrent une cellule humaine. La capsule de lipide va simplement se dissoudre en libérant l’ARN dans l’intérieur de la cellule. L’ARN étant par nature une molécule instable, elle va elle-même se décomposer en quelques heures, après avoir rempli sa mission. Il n’existe donc aucun mécanisme biologique susceptible d’avoir des répercussions au-delà de ces quelques semaines. Article (morceaux choisis) : 1. Que peut-on dire de l’efficacité réelle des vaccins actuels ? Le vaccin BNT162b2 conçu par Pfizer-BioNTech est globalement celui qui a les résultats les plus positifs. Dans l’étude la plus solide, publiée en mai 2021 dans The Lancet, qui a suivi une cohorte de 1,65 million de personnes en Israël, les chercheurs concluent que celui-ci est efficace à 95,3 % pour l’infection au SARS-CoV-2, à 97,2 % pour éviter les hospitalisations et à 96,7 % pour éviter les décès chez les vaccinés ayant reçu leur seconde dose depuis au moins sept jours. L’efficacité est encore supérieure lorsqu’on attend au moins quatorze jours après l’injection de la seconde dose, puisqu’elle atteint 98,1 % pour éviter les décès dus au Covid-19. L’étude a, par ailleurs, été réalisée alors que le variant B.1.1.7 (dit variant Alpha, découvert en Angleterre), plus contagieux et entraînant plus de formes graves, composait 95 % des nouveaux cas en Israël. L’autre vaccin à ARN messager (ARNm), celui du laboratoire américain Moderna, obtient des résultats similaires au Comirnaty de Pfizer-BioNTech. L’essai clinique de phase 3 a montré environ 94,1 % d’efficacité contre les formes symptomatiques de la maladie. Une étude ultérieure menée sur une large cohorte au Qatar, composée de peu de personnes âgées et d’une majorité d’actifs, a conclu à une efficacité de 100 % contre l’infection au variant Alpha, et de 95,7 % contre les formes graves et les décès dus au Covid-19 (variant Alpha et Gamma confondus) lorsque le schéma vaccinal est complet (deux semaines après la deuxième dose). Les mêmes travaux ont abouti à une protection de 92,5 % contre les infections asymptomatiques, paramètre-clé pour bloquer la transmission interhumaine du virus. Le vaccin américain est également très efficace contre les hospitalisations, selon plusieurs travaux. Une étude observationnelle américaine disponible en prépublication depuis le 8 juillet estime son efficacité à 90 %, tandis qu’une équipe canadienne l’estime à 96 % pour les personnes ayant reçu leur seconde dose. Le troisième vaccin à avoir été autorisé en Europe et en France, celui d’AstraZeneca (nommé ChAdOx1), a également des résultats positifs, même si moins spectaculaires que ses concurrents à ARNm. L’essai clinique de phase 3 réalisé face à la souche historique du SARS-CoV-2 indiquait une efficacité de 62,1 % pour ceux qui ont reçu deux doses standards, mais de 90 % pour les sujets dont la première dose était diminuée de moitié. Il en résulte une efficacité moyenne contre les infections d’environ 70,4 %. Des études ultérieures ont mis en évidence une efficacité supérieure de 81,5 % à prévenir les infections symptomatiques par la souche historique et de 70,4 % par le variant Alpha. Si sa capacité à empêcher l’infection par le virus et donc la transmission interhumaine est moindre que les vaccins à ARNm, le vaccin d’AstraZeneca se montre d’un niveau comparable lorsqu’il s’agit de protéger des formes graves de la maladie. Une large étude écossaise publiée début mai 2021 a estimé que le ChAdOx1 atteignait 88 % d’efficacité de réduction des hospitalisations dues au Covid-19. Tous ces chiffres sont valables pour la population adulte. Chez les adolescents (12 à 15 ans), les chiffres sont encore meilleurs. Le vaccin Comirnaty de Pfizer-BioNTech, le seul à être autorisé pour les moins de 16 ans en France, a montré une efficacité de 100 % dans cette tranche d’âge lors des essais cliniques de phase 3 : aucun des 1 005 adolescents complètement vaccinés n’a été infecté par le Covid-19, tandis que 16 des 978 adolescents qui ont reçu un placebo ont contracté la maladie. 2. Résistent-ils bien aux variants du SARS-CoV-2 ? Le vaccin de Pfizer-BioNTech résiste globalement bien à tous les variants qui ont émergé jusque-là : de l’Alpha (découvert en Angleterre) au Delta (en Inde), environ 87 % d’efficacité. Le produit de l’entreprise anglo-suédoise AstraZeneca montre, lui, moins d’efficacité contre le variant Delta mais fournit toujours un très haut niveau de protection contre les formes graves de la maladie et donc contre les hospitalisations et les décès dus au Covid-19. Là où le vaccin Made in UK atteignait 73 % d’efficacité contre l’infection au variant Alpha, il ne fournit « que » 60 % d’efficacité contre le variant Delta, selon des travaux écossais publiés dans The Lancet à la fin du mois de juin, un chiffre cohérent avec les conclusions d’une autre équipe britannique, selon lesquelles le vaccin d’AstraZeneca est efficace à 60 % pour prévenir les infections au variant Delta. 3. Combien de temps dure la protection immunitaire conférée ? Il est encore un peu tôt pour savoir exactement combien de temps les personnes vaccinées seront immunisées contre le coronavirus, mais les connaissances et observations accumulées jusque-là ont apporté des nouvelles rassurantes sur cet aspect. 4. Qu’a-t-on appris de leurs effets secondaires avérés ou potentiels ? Ainsi, on recense une grande majorité d’effets bénins, transitoires et attendus, tels que de la fatigue, de la fièvre, des douleurs musculaires au point d’injection, des maux de tête. Des réactions allergiques violentes, appelées « chocs anaphylactiques », ont également été observées. Ces réactions bien connues sont rarissimes mais peuvent être dangereuses et se déclenchent dans les minutes après l’injection chez des personnes ayant un fort terrain allergique. C’est pour cette raison que les vaccinés sont gardés en observation au moins quinze minutes. 53 cas de troubles thromboemboliques ont été signalés pour le vaccin d’AstraZeneca depuis le début de son utilisation en France, dont 13 décès. Ces troubles restent extrêmement rares (53 occurrences sur 6,56 millions d’injections, soit 0,0008 % des doses) 5. Des effets indésirables peuvent-ils se manifester longtemps après la vaccination ? Dans la longue histoire de la vaccination, aucune maladie rare n’a jamais été détectée plus de huit semaines après la vaccination. Il existe, bien sûr, des exemples de troubles rares liés à la vaccination qui ont pu être diagnostiqués plusieurs mois après l’injection d’un vaccin, mais les symptômes de ceux-ci sont toujours apparus dans les premières semaines. La surveillance actuelle autour de ces vaccins est si réactive et resserrée qu’elle a permis très tôt la mise en évidence de très rares troubles de la coagulation avec le vaccin d’AstraZeneca. Si les vaccins actuels, qui ont été distribués massivement, devaient induire des maladies graves rares, il est aujourd’hui jugé très improbable que les agences de pharmacovigilance puissent manquer leurs signaux. Les vaccins à ARNm ne contiennent globalement que deux ingrédients relativement simples et fragiles : une capsule de lipides contenant un brin d’ARN messager, la première étant chargée de transporter le second. Or, toutes deux disparaissent très vite sans laisser de trace lorsqu’elles rencontrent une cellule humaine. La capsule de lipide va simplement se dissoudre en libérant l’ARN dans l’intérieur de la cellule. L’ARN étant par nature une molécule instable, elle va elle-même se décomposer en quelques heures, après avoir rempli sa mission. Il n’existe donc aucun mécanisme biologique susceptible d’avoir des répercussions au-delà de ces quelques semaines.